Placer un parent en établissement d’hébergement est une décision difficile à prendre. Faire le bon choix est un vrai casse-tête. Tout au long de notre vie on nous donne des conseils : mets un bonnet pour ne pas avoir froid, regarde avant de traverser la rue… Mais au moment du choix d’un établissement, rien ! Ça devient d’autant plus difficile quand les médias s’en mêlent et sèment le trouble.
En effet, il y a quelques semaines étaient diffusés à la télé des reportages qui dénonçaient les dysfonctionnements dans les EHPAD. Sans nuances. Sans distinction. Mais qu’en est-il des établissements vertueux ? Des bien-traitants ? Des consciencieux qui essaient de faire bien ? Moins tapageurs, ils ne font pas l’objet d’une grande médiatisation. Bien sûr, il est important de mettre le doigt là où le mal est fait et de dénoncer les abus, mais faut-il pour autant décrédibiliser un secteur d’activité tout entier.
Diffusé sur France 5, dans l’émission Silence ça pousse, ce court reportage donnait une autre vision de la profession. L’EHPAD Simon Benichou, à Nancy, est un bel exemple d’intégration où l’on voit que les résidents font partie intégrante de la vie sociale de la ville. Si on prend le temps de faire le tour des établissements, les exemples seront pluriels sur les initiatives pour améliorer le quotidien des résidents, même s’ils ne sont pas tous aussi télégéniques !
Dans bon nombre d’établissements, le résident est l’objet d’attentions au quotidien. Ne nous méprenons pas, ces établissements souffrent aussi du manque de moyens, et le personnel n’a parfois pas plus de 15 minutes à consacrer à chaque personne au moment du lever. Pourtant, la relation humaine n’est pas laissée de côté. Jocelin, aide-soignant – et content de l’être - depuis 10 ans, témoigne dans le reportage EHPAD, la vie malgré tout. Il jongle avec son chronomètre et fait parfois des compromis sur la toilette pour passer un peu de temps avec les résidents. Mais ce qui frappe le plus dans son discours c’est quand il ajoute : « Il faut faire très attention au lit parce que, au final, on aura pu passer tout le temps qu’on veut avec le patient (…), si le lit est mal fait : attention. (…)La famille pense que c’est du grand n’importe quoi. Par contre, si le lit est fait, bien au carré, nickel, on ne va pas aller trop voir comment on s’occupe de papa parce que ça a l’air bien. ».
C’est probablement là que le bât blesse : les familles ne sont pas conscientes des besoins en soins de leurs aînés et jugent une prestation sur des critères aléatoires. Quand ce moment de vie s’accompagne aussi d’une culpabilité, la famille essaie parfois de compenser avec de beaux atours. Mais un EHPAD n’est pas une résidence de vacances et sa mission, en plus d’héberger et de restaurer, est de prendre soin, quel que soit le niveau de dépendance. C’est pourquoi des équipements adaptés sont essentiels. Un lit médicalisé par exemple, est une véritable aide à la mobilisation au moment du lever et de la toilette. Il ne faut pas négliger sa qualité, il apporte du confort et réduit la pénibilité de certains gestes pour le résident et pour le personnel. Un canapé profond et moelleux est parfait pour s’affaler devant la télé mais il sera un piège pour le résident qui peinera à se relever seul. Nos critères de personnes indépendantes et actives ne sont pas toujours de bons juges.
Dans le prendre soin, n’oublions pas qu’il y a la structure et ses équipements mais qu’il y a aussi l’accompagnement au quotidien. Le projet personnalisé de l’établissement est un bon repère. Il montrera sa capacité à prendre en compte la singularité du résident. Car la bonne prise en charge d’une personne dépendante repose sur le respect de ses attentes et de ses choix afin de continuer à donner un sens à sa vie et que les années passées en établissement ne soient pas vaines.
CG
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Bravo pour la justesse des propos et l’objectivité de ce post! Loin des reportages qui ne servent qu’a nourrir la théorie du complot, c’est tellement facile de juger plutot que de s’impliquer.